Introduction
Cela fait maintenant cinq ans que la réforme du lycée à la carte a été mise en place, permettant aux élèves de choisir leurs spécialités en 1re et en terminale. Cette réforme avait pour objectif de mettre fin à la hiérarchie entre les anciennes filières S, ES et L, mais les inégalités persistent et se sont même installées dans la durée.
La mise en place de la réforme et les premières inégalités
En 2019, les élèves de 1re choisissaient pour la première fois leurs spécialités, ces trois disciplines au choix qui sont la clé de voûte du nouveau lycée à la carte. Cependant, dès la première année, des inégalités ont été observées : les filles choisissent moins les mathématiques que les garçons, et les catégories sociales favorisées ont plus tendance à choisir des spécialités scientifiques.
Les filles et les mathématiques
Les statistiques montrent que les filles ont moins tendance à choisir les mathématiques que les garçons, malgré les efforts pour promouvoir l’égalité entre les genres dans l’éducation. En effet, en 2023, seulement 44% des filles continuent à prendre cette spécialité en terminale, contre 48% des garçons. Cette différence peut s’expliquer par des stéréotypes de genre persistants, qui poussent les filles à se détourner des matières scientifiques.
Les catégories sociales favorisées et les spécialités scientifiques
La réforme avait pour ambition de mettre fin à la hiérarchie entre les filières, mais les statistiques montrent que les catégories sociales favorisées ont plus tendance à choisir des spécialités scientifiques, telles que les mathématiques, la physique-chimie et les SVT. En 2023, 38 000 élèves très favorisés ont choisi ce menu en 1re, contre seulement 16 000 élèves d’origine défavorisée. La réforme n’a donc pas réussi à réduire les inégalités sociales dans le choix des spécialités.
Les dynamiques qui se sont sédimentées avec le temps
La triplette mathématiques, physique-chimie, SVT reste la plus choisie
Selon le dernier bilan publié par l’éducation nationale en mars 2024, les élèves continuent à privilégier la triplette mathématiques, physique-chimie et SVT en 1re. Cette spécialité représente 23% du total des choix des élèves, confirmant ainsi un phénomène déjà observé les années précédentes. Les familles ont donc tendance à reproduire l’ancienne filière S en choisissant ces trois spécialités.
Les inégalités sociales persistantes
Les statistiques montrent que les élèves très favorisés sont plus nombreux à choisir les mathématiques et la physique-chimie que les élèves d’origine défavorisée, qui sont plutôt orientés vers la spécialité « humanités, littérature et philosophie » (HLP). Ces inégalités sociales sont également présentes en terminale, où les élèves très favorisés sont surreprésentés parmi les élèves ayant choisi les spécialités scientifiques.
De nouvelles tendances depuis le lancement de la réforme
Le regain d’intérêt pour les mathématiques
Après avoir constitué un point d’alerte lors du lancement de la réforme, le désamour pour les mathématiques semble reculer. En effet, en 2023, 44% des élèves continuent à prendre cette spécialité en terminale, contre seulement 38% en 2020. Les mathématiques deviennent même la deuxième spécialité la plus choisie par les filles, passant ainsi devant la spécialité « histoire-géographie, géopolitique et sciences politiques » (HGGSP). Ce regain d’intérêt s’explique peut-être par le fait que les mathématiques sont souvent perçues comme une matière nécessaire pour poursuivre des études supérieures.
La baisse de popularité de la spécialité HGGSP
En revanche, la spécialité HGGSP, souvent considérée comme moins valorisée que les autres spécialités, a vu sa fréquentation baisser depuis la mise en place de la réforme. En 2023, elle n’était choisie que par 26% des élèves, contre 30% en 2019. Cette baisse s’explique peut-être par le fait que cette spécialité n’est pas souvent considérée comme un débouché pour des études supérieures.
Conclusion
Cinq années se sont écoulées depuis la mise en place de la réforme du lycée à la carte, et malgré les intentions d’égalité entre les filières, les inégalités persistent et se sont même renforcées dans certains aspects. Les filles et les élèves d’origine défavorisée continuent à être sous-représentés dans les filières scientifiques, tandis que les catégories sociales favorisées sont surreprésentées. De plus, de nouvelles tendances ont émergé au cours des dernières années, avec un regain d’intérêt pour les mathématiques mais une baisse de popularité pour la spécialité HGGSP. Il est donc important de continuer à réfléchir à des solutions pour réduire ces inégalités et permettre à tous les élèves de faire des choix éducatifs en toute égalité.